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Conférence Biodiversité végétale forestière en Martinique

Publié le 06 février 2022

 


La biodiversité végétale de la Martinique :
Richesse, variété et endémisme
Aperçu sur la diversité fongique.

Texte résumé d'une conférence donnée le 19 Janvier 2022 à la SMLH section de Martinique par Monsieur Jean-Pierre FIARD
La notion de biodiversité est à la mode, souvent utilisée sans précision. Entendue de façon rigoureuse la biodiversité d’un territoire est la somme des espèces indigènes et pleinement naturalisées de ce dernier.
Les espèces indigènes (ou autochtones) sont toutes celles dont on possède la preuve, ou la quasi preuve, que leur présence locale résulte exclusivement de processus naturels, et donc est antérieure à l’arrivée de l’homme sur le domaine ou la région géographique étudiée. Les espèces exogènes introduites depuis longtemps (plusieurs siècles) et maintenant leurs populations sans l’intervention humaine, sont considérées comme faisant partie désormais des écosystèmes naturels et de la biodiversité spontanée du territoire.
En Martinique, l’embranchement des plantes se reproduisant par fleurs et par graines (les phanérogames ou spermatophytes) comprend environ 1250 espèces autochtones très probables et 250 espèces parfaitement naturalisées, soit un total de 1500 espèces spontanées, c’est-à-dire se reproduisant naturellement et sans aucune intervention humaine. Ce nombre est très élevé et nettement supérieur à celui qui a été publié pour des îles tropicales de superficie similaire ou même double, par exemple la Réunion ou l’île de Tenerife dans l’archipel des Canaries.
Nombre 15/07/2015 : Conservatoire botanique de Martinique
E. ETIFIER – CHALONO, P. FELDMANN, J-P FIARD, J. FOURNET. Les autochtones simplement probables ou possibles n’ont, le plus souvent pas été retenus, ce qui explique le nombre d’autochtones, très différent (1536) obtenu par J. FOURNET (Flore illustrée des Phanérogames de Guadeloupe et Martinique éd 2002).
L’endémisme est un caractère très important pour l’appréciation à sa juste valeur de la biodiversité d’un territoire donné. Une espèce endémique et une espèce dont l’aire de distribution naturelle, c’est-à-dire non liée à l’homme, à sa présence, ses activités et ses introductions, volontaires ou non, est très restreinte, de quelques centaines de Km2 à 200 000 km2 environ.
La Martinique héberge naturellement, sur son sol, des endémiques phanérogames de 3 niveaux : endémiques de l’île, endémiques des Petites Antilles dont la Martinique et endémiques de l’Arc entier dont elle-même (endémiques antillaises).
La Martinique, par rapport aux autres Petites Antilles, possède de loin le nombre d’endémiques tous niveaux le plus élevé : Martinique 382, Guadeloupe 342, Dominique 262, Sainte Lucie 197 (Dominique et Sainte-Lucie sont beaucoup plus petites)
La Martinique est également l’île des Petites Antilles la plus riche en espèces arborées autochtones (395) et pleinement naturalisées (environ 20) soit un total de 415 taxons (espèces et sous-espèces).
Depuis une longue dizaine des prospections de terrains soutenus, engagées par des spécialistes locaux et une équipe danoise de haut niveau (familles approfondies : Sapotacées et Myrtacées permettent de confirmer, avant même publication, qu’au moins 25 taxons sont à ajouter dans les Sapotacées, et entre 5 et 10, dans les Myrtacées. Le nombre total actuel d’espèces arborées autochtones et naturalisées de la Martinique s’établit autour de 450 taxons (espèces, sous-espèces et variétés. Comptabilisées selon les mêmes critères, aucune des Flores arborées des Petites Antilles ne dépasse, ni même n’atteint, 400 taxons. A titre de comparaison, la flore de la Guyane française, territoire de 90 000 Km2, comptabilise environ 1600 espèces arborées, mais pour une superficie 90 fois plus vaste.
La fonge (on ne doit plus dire Mycoflore)* des champignons supérieurs est également d’une richesse surprenante. Environ 7000 collections de champignons lamellés ont été récoltés en Martinique entre 1975 et 2013par deux équipes : J-P FIARD et D N PEGLER entre 1975 et 1983 (déposées au FUNGARIUM de KEW (l’équivalent pour les champignons de l’herbarium) ; J-P, FIARD et l’équipe du professeur R. COURTECUISSE entre 2000 et 2013 (déposés au FUNGARIUM de la faculté des Sciences biologiques et pharmaceutiques de l’Université de Lille. L’exploitation et la publication de tout ce matériel est un travail de titans et durera des décennies. On peut estimer que cette masse de matériel représente, pour la Martinique, au moins 1500 espèces, dont 50% environ non décrites pour cette île.
Beaucoup encore reste à rechercher et explorer dans cette île importante des petites Antilles. Espérons cependant que les hommes seront assez sages pour maintenir l’étendue des forêts à son niveau actuel, et même pour l’étendre, là où la nature et la déclivité des sols, les conditions bioclimatiques ne permettent ni agriculture rentable, ni valorisation dans des conditions de stabilité et de sécurité raisonnables.
Jean-Pierre FIARD
Membre du CSRPN de la Martinique
Docteur d’université en Phyto- écologie tropicale et aménagement insulaire
Janvier 2022

*Les champignons, en effet n’appartiennent pas au règne végétal et ne peuvent donc être considérés comme des floraisons. Ils constituent un Règne en soi, parfaitement autonome et distinct : le Règne fongique